L’horlogerie face à la pénurie de candidats: quelles solutions?

Le savoir-faire artisanal que représente l’horlogerie doit se transmettre pour perdurer, surtout face à une demande toujours plus importante dans le monde. La qualité d’exécution et la minutie sont des compétences très recherchées tant elles deviennent rares au regard des besoins dans le secteur du luxe. Cette pénurie de candidats est par conséquent un enjeu pour la Suisse et ses pays frontaliers.

Alors, comment relever ce défi afin de perpétuer ces métiers d’art essentiels sur le plan économique mais aussi pour l’image de tout un territoire?

Les raisons à la pénurie de candidats dans l’horlogerie 

L’origine du besoin de candidats se trouve dans la forte demande que connaît le secteur de l’horlogerie, après le recul des années de pandémie. Les montres de luxe se sont imposées au fil du temps non seulement comme des objets d’une très grande technicité, mais aussi comme de véritables investissements. Pour les clients dans le monde entier, l’horlogerie est ainsi devenue une valeur refuge au même titre que l’or.

Des besoins toujours plus importants

Selon une enquête de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, celle-ci devra former ou recruter pas moins de 4000 collaborateurs à horizon 2026, soit des besoins qui ont augmenté de 12.5 %.

Ce qui représente à peine 3 ans maintenant pour combler les manques d’un secteur qui a su utiliser la technologie pour se moderniser, mais qui a toujours besoin de compétences humaines et de mains expertes pour la création des plus belles pièces.

Cette hausse des besoins provient de deux facteurs:

  • Les départs à la retraite pour les 2/3 des postes à pourvoir
  • Et la formidable croissance du secteur par ses exports, ce qui nécessite de nouvelles embauches afin de répondre à la demande

La pénurie de candidats devient d’autant plus criante que les entreprises du secteur ne cessent de se développer ou de s’implanter sur de nouveaux sites. Rolex a ainsi acheté un terrain de 100 000 m² à Bulle pour augmenter sa production. À la clé: 2000 postes à pourvoir d’ici 2029 !

Le manque de formations en cause

Les entreprises qui recherchent des candidats sont aussi confrontées à un étrange paradoxe: la formation n’a pas été suffisante, car beaucoup de spécialistes prédisaient il y a quelques années que les machines remplaceraient les principaux métiers, à commencer par les polisseurs.

Certes, la technologie et l’intelligence artificielle semblent faire craindre une mécanisation des processus sur des produits de qualité inférieure. Mais la haute horlogerie ne connaît pas ce basculement et pour cause: les clients recherchent ici l’exceptionnel et le façonnage à la main par des artisans du luxe.

Voilà toute la différence et ce qui rend les métiers de l’horlogerie si indispensables. Mieux encore, ces experts peuvent se servir de nouvelles compétences acquises sur des machines, dont ils maîtrisent les processus.

Quels sont les métiers les plus recherchés ?

D’après la Convention patronale de l’industrie horlogère, les profils plus recherchés sont, dans l’ordre des besoins:

  • Les métiers (H/F) du polissage-termineur en habillage horloger, avec +54 % !
  • Le métier de qualiticien en microtechnique (H/F) à +24 %
  • Les opérateurs en horlogerie (H/F), à +18 %

Comment former et attirer les candidats vers les métiers de l’horlogerie?

Répondre à tous ces besoins est un véritable Everest à gravir pour tous les recruteurs du secteur. Nécessairement, la formation doit dès à présent s’accélérer. Diverses pistes sont possibles et elles doivent réunir tous les acteurs de l’horlogerie, de la formation et les politiques publiques :

  • La promotion de la haute horlogerie artisanale auprès des jeunes générations, mais aussi des personnes, quel que soit leur âge, qui sont en recherche d’un projet professionnel
  • Les pouvoirs publics, les entreprises horlogères et les écoles doivent se rejoindre encore plus aujourd’hui pour travailler ensemble à la création de formations qui mènent directement à ces métiers. Pour cela, il est désormais essentiel de proposer des programmes qui permettent de mettre rapidement un pied dans l’entreprise.
  • Autre axe indispensable: la reconnaissance et la valorisation des artisans de l’horlogerie à l’industrie et à la société en général. Les salons professionnels sont par exemple un lieu à investir pour mettre en avant des artisans exceptionnels, de même que promouvoir leur travail à travers des expositions et des concours.
  • L’amélioration de l’expérience employeur pour que les salariés de l’horlogerie déjà en place servent de relais à l’extérieur afin de donner envie à d’autres personnes de candidater ou de se former le cas échéant. Cela peut par exemple passer par un système de cooptation (ou recrutement participatif).
  • La mobilité interne: les salariés de l’horlogerie ne sont pas seulement les artisans qui travaillent les pièces. Des personnes qui occupent d’autres postes peuvent être attirées par ces métiers manuels. Il est donc important de favoriser cette mobilité par la formation.
  • La reconversion est aussi un terrain essentiel à explorer pour découvrir de nouveaux talents très impliqués dans leur nouveau métier!

Le Cercle des Métiers, une formation professionnalisante pour se reconvertir dans l’horlogerie

C’est justement dans ce contexte que nous avons créé le Cercle des Métiers, en partenariat avec une manufacture horlogère située à La Chaux-de-Fonds.

Ce programme de 3 à 9 semaines est entièrement dédié à la reconversion professionnelle dans l’horlogerie et la joaillerie à travers des formations concrètes dans ces métiers en tension.

Dans des conditions très proches de la réalité professionnelle en entreprise, le Cercle des métiers garantit aux participants un emploi fixe à l’issue de la formation et une période d’intégration de 12 mois au sein de la manufacture.

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